LE SOMMEIL
Les bienfaits du sommeil
Le sommeil est essentiel au bon fonctionnement de l’organisme. Il optimise le fonctionnement physiologique du corps, en assurant notamment l’équilibre hormonal, le développement du système immunitaire, la sécrétion des hormones de croissance, l’élimination des déchets dans le cerveau, etc. Le sommeil a aussi des bienfaits psychologiques. Il favorise une bonne santé émotionnelle, stimule les apprentissages et consolide la mémoire. Une privation de sommeil engendre de plus grands risques d’infections, une prise de poids, divers troubles de santé mentale et peut même mener à la mort (1).

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Le sommeil et la mémoire
Un sommeil de bonne qualité, suffisant et régulier permet à la mémoire de bien fonctionner. Le sommeil lent profond, surtout présent en début de nuit, permet d’enregistrer à long terme des souvenirs en mémoire épisodique, c’est-à-dire la mémoire des événements vécus par une personne (3). Les informations acquises durant la journée seraient réactivées dans le sommeil lent profond par l’hippocampe, qui permettrait de consolider l’apprentissage dans les circuits neuronaux. Ce faisant, l’information est transférée vers le cortex, situé à la surface du cerveau, afin de la conserver à long terme (4).
De son côté, le sommeil paradoxal, surtout présent en fin de nuit, permet la consolidation des apprentissages dans la mémoire procédurale, c’est-à-dire la mémoire du savoir-faire, des habiletés pratiques et physiques par exemple (5).
Ce qui semble important est la succession des stades durant la nuit. En effet, une personne effectue plusieurs cycles de sommeil durant une nuit, alternant entre du sommeil lent et du sommeil paradoxal. Cette séquence de stades permettrait de traiter l’information et de la stabiliser en tant qu’apprentissage, plus stable et plus résistante à l’oubli (6).
Enfin, non seulement un sommeil de qualité permet de mieux retenir les informations, mais il permet aussi de mieux distinguer les informations pertinentes qu’il faut retenir des informations superflues que l’on peut ignorer (7). Dans des situations de privation de sommeil, le cerveau semble avoir de la difficulté à sélectionner les informations essentielles et tente donc de tout retenir. Ce faisant, en situation d’examen par exemple, un étudiant en manque de sommeil pourrait avoir encombré sa mémoire d’informations inutiles (8).
Le sommeil et les résultats scolaires
Tout étudiant sait à quel point la mémoire est essentielle afin de bien réussir un examen. Or, négliger son sommeil en période d’examen nuit au bon fonctionnement de la mémoire, et par conséquent, nuit à la réussite scolaire.
Michael K. Scullin de l’Université Baylor au Texas a tenté l’expérience : faire dormir des étudiants plus de huit heures en période d’examens afin d’observer leurs résultats scolaires. Les résultats démontrent que les étudiants ayant dormi plus de huit heures par nuit ont de meilleurs résultats aux examens que ceux ayant dormi moins de huit heures, en considérant les variables confondantes (9). L’objectif était de démontrer qu’une bonne technique d’étude durant le jour est suffisante afin d’obtenir de bons résultats scolaires, nul besoin de poursuivre son étude durant la nuit, bien au contraire. Le sommeil n’a donc pas uniquement un effet sur l’humeur ou la sensation de fatigue, mais aussi sur la mémoire et les résultats scolaires.
Le sommeil et la santé mentale
De nombreuses études font état d’un lien entre le sommeil et la santé mentale. D’abord, une privation de sommeil semble affecter la mémoire, mais plus spécifiquement la mémoire des émotions. Des chercheurs de l’Université Berkeley ont évalué la rétention de mots à connotation positive, neutre et négative chez divers participants, privés ou non de sommeil. Les résultats ont permis de démontrer d’abord que les participants en privation de sommeil ont retenu 40% moins de mots que ceux n’ayant pas été privés de sommeil. De plus, les participants en privation de sommeil ont retenu davantage les mots à connotation négative que les mots neutres et positifs, ce qui suggère qu’en situation de privation de sommeil, le cerveau semble mémoriser davantage les souvenirs malheureux que les souvenirs heureux, ce qui tend vers une image déformée de la réalité, et potentiellement déprimante (10).
Des symptômes anxieux et dépressifs pourraient alors émaner de ce manque de sommeil. D’ailleurs, des études menées sur des patients atteints d’apnée du sommeil (un trouble du sommeil qui entraine des arrêts fréquents de la respiration durant la nuit) démontre que ces patients sont de 2 à 5 fois plus à risque de développer une dépression sévère, comparativement aux sujets qui ont un sommeil normal (11).
Un réveil durant la nuit est un stress pour l’organisme, ce qui augmente la libération de cortisol et d’adrénaline (12). Le stress peut donc nuire au sommeil, mais un mauvais sommeil augmente aussi le risque de symptômes anxieux.
Le sommeil et les écrans
Parmi les facteurs explicatifs du manque de sommeil, l’hypothèse du temps consacré aux écrans (téléphone intelligent, tablette, ordinateur) est souvent évoqué. Les études démontrent que la lumière provoquée par l’utilisation tardive des écrans diminue la libération de la mélatonine, qui constitue le signal pour l’endormissement. Par conséquent, le sommeil est soit retardé, soit perturbé, ou les deux (13).

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D’ailleurs, une étude du Centre de recherches en épidémiologie du sommeil de l’Université Stanford a démontré que plus une ville est éclairée la nuit, plus le sommeil de sa population est altéré (15). Il en va de même pour le bruit, qui perturbe aussi le sommeil et augmente la tension artérielle (16).
Instaurez de bonnes habitudes de sommeil
Bien que les bienfaits du sommeil soient indéniables, comment arriver à maintenir un sommeil stable, régulier et suffisant? Voici quelques conseils pour y arriver :
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Utilisez votre lit uniquement comme endroit de détente et de sommeil (et non pas pour étudier, vous divertir, manger, etc).
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Assurez-vous que votre chambre est un lieu calme, paisible, sans bruit ou distraction.
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Ayez des heures de sommeil fixes : allez au lit et levez-vous à la même heure à tous les jours (mêmes les fins de semaine!) (17).
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Évitez les appareils électroniques avant d’aller dormir (18).
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Évitez les stimulants en soirée, comme la caffeine (19).
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Évitez de consommer de l’alcool, qui rendra votre sommeil plus léger et occasionnera des réveils plus fréquents (20).
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Ayez une alimentation équilibrée (évitez les gras saturés et consommez des fibres) (21).
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Si vous n’arrivez pas à dormir après une quinzaine de minutes, levez-vous et réessayez plus tard, lorsque vous vous sentirez plus calme.
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Évitez les siestes durant la journée.
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Faites de l’exercice physique quotidiennement.
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Videz-vous l’esprit avant d’aller au lit : par exemple, notez tout ce qui vous tracasse (22).
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Soyez productifs durant la journée et évitez d’empiéter sur votre nuit de sommeil afin de finaliser vos tâches
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Consacrez la dernière heure de votre soirée à de la relaxation ou de la détente (23).
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Apprenez à connaître vos besoins personnels de sommeil : bien que la majorité des gens aient besoin de 7 ou 8 heures de sommeil par nuit, il y a de grandes différences individuelles. L'important est de connaître vos besoins réels et d’être en forme physiquement et psychologiquement au réveil.
RESSOURCES
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Lisez le Mammouth Magazine portant sur le stress et le sommeil.
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Faites le petit test suivant de la revue Cerveau & Psycho, afin d’évaluer la qualité de votre sommeil (24). Gardez en tête que ceci n’est pas un test diagnostic et que de nombreux troubles peuvent venir perturber votre sommeil. N’hésitez pas à consulter votre médecin ou un spécialiste au besoin.


RÉFÉRENCES
1. Stickgold, R. (2016). Le sommeil qui guérit. Cerveau & psycho, 80, 40-46.
2. Stickgold, R. (2016). Le sommeil qui guérit. Cerveau & psycho, 80, p.43.
3. Rauchs, G. (2012). Dormir pour mieux apprendre. L’Essentiel Cerveau et Psycho, 11, 84 à 87.
4. Rauchs, G. (2012). Dormir pour mieux apprendre. L’Essentiel Cerveau et Psycho, 11, 84 à 87.
5. Rauchs, G. (2012). Dormir pour mieux apprendre. L’Essentiel Cerveau et Psycho, 11, 84 à 87.
6. Rauchs, G. (2012). Dormir pour mieux apprendre. L’Essentiel Cerveau et Psycho, 11, 84 à 87.
7. Rauchs, G. (2012). Dormir pour mieux apprendre. L’Essentiel Cerveau et Psycho, 11, 84 à 87.
8. Rauchs, G. (2012). Dormir pour mieux apprendre. L’Essentiel Cerveau et Psycho, 11, 84 à 87.
9. Scullin, M.K. (2018). The Eight hour Sleep Challenge During Final Exams Week, Teaching of Psychology, 1(9).
10. Stickgold, R. (2016). Le sommeil qui guérit. Cerveau & psycho, 80, 40-46.
11. Stickgold, R. (2016). Le sommeil qui guérit. Cerveau & psycho, 80, 40-46.
12. Lemoine, P. (2016). Réapprendre à dormir. Cerveau & psycho, 80, 50-57.
13. Lemoine, P. (2016). Réapprendre à dormir. Cerveau & psycho, 80, 50-57.
14. Lemoine, P. (2016). Réapprendre à dormir. Cerveau & psycho, 80, p.53.
15. Lemoine, P. (2016). Réapprendre à dormir. Cerveau & psycho, 80, 50-57.
16. Lemoine, P. (2016). Réapprendre à dormir. Cerveau & psycho, 80, 50-57.
17. Scullin, M.K. (2018). The Eight hour Sleep Challenge During Final Exams Week, Teaching of Psychology, 1(9).
18. Scullin, M.K. (2018). The Eight hour Sleep Challenge During Final Exams Week, Teaching of Psychology, 1(9).
19. Scullin, M.K. (2018). The Eight hour Sleep Challenge During Final Exams Week, Teaching of Psychology, 1(9).
20. L’insomnie. Université Laval. Repéré à
https://www.aide.ulaval.ca/psychologie/textes-et-outils/difficultes-frequentes/l-insomnie/
21. Scullin, M.K. (2018). The Eight hour Sleep Challenge During Final Exams Week, Teaching of Psychology, 1(9).
22. Scullin, M.K. (2018). The Eight hour Sleep Challenge During Final Exams Week, Teaching of Psychology, 1(9).
23. L’insomnie. Université Laval. Repéré à
https://www.aide.ulaval.ca/psychologie/textes-et-outils/difficultes-frequentes/l-insomnie/
24. Testez votre sommeil (2016). Cerveau & psycho, 80, 58-59.